La pérennité de la Cantine Chez Ben vaut le détour
Un symbole éclairé au néon, incontournable du Québec, depuis 75 ans et plus.
En 2024, des milliers de personnes ont applaudi alors qu’une enseigne au néon de neuf mètres de haut illuminait la nuit dans la ville de Granby, en Estrie. Chez Ben, animé par un motif lumineux palpitant, se nourrissait encore et encore de hot-dogs après 20 ans de délabrement.
« Cette enseigne a été installée en 1974, à une époque où les affaires allaient mal après notre déménagement à l’emplacement actuel. Mon grand-père a décidé d’investir dans cette énorme enseigne au néon pour attirer les clients. Tout le monde pensait qu’il était fou parce que c’était tellement cher », se souvient Jimmy Dubé, membre de la troisième génération de propriétaires d’une destination qui vaut le détour.
« Mais ça a marché. C’est devenu un élément du paysage. Quand nous avons demandé de l’aide pour les réparations, des gens de partout ont manifesté leur soutien. Ce n’est plus seulement notre restaurant; c’est un morceau de Granby. »
Symbole de tous les souvenirs, des personnes qui y ont travaillé et de l’homme qui l’a fondé en 1950, Bernard « Ben » Dubé, le rallumage de l’enseigne pointait vers les années à venir : l’avenir de l’une des destinations routières les plus emblématiques du Québec et de son personnel en uniforme, servant l’une des meilleures poutines du coin, s’annonçait aussi brillant que du néon.

Une affaire de famille
Chez Ben a parcouru un long chemin depuis ses débuts modestes dans une petite roulotte. Aujourd’hui, c’est une histoire multi-générationnelle forte, autant pour les propriétaires comme Jimmy que pour la communauté.
« C’est incroyable. Je suis ici depuis presque 30 ans, et j’ai vu des grands-parents amener leurs enfants, et maintenant ces enfants amènent les leurs », raconte Jimmy. « C’est devenu une tradition pour tellement de familles. Ils parlent de leurs souvenirs d’enfance, quand leurs parents les amenaient ici pour des frites et une boisson, et maintenant, ils recréent ces mêmes moments avec leurs propres enfants. »


Photograph: Audrey-Ève Beauchamp / @audreyeve.beauchamp
« C’est une partie du charme. L’entreprise, les uniformes, le menu — ces choses n’ont pas beaucoup changé au fil des ans, et je ne pense pas qu’elles changeront jamais. »
De son côté, Jimmy travaille dans l’entreprise depuis l’âge de neuf ans et a pris la relève de son père en 2015 pour collaborer avec son oncle (deuxième génération).


Un cheeseburger (à gauche) est préparé pour l’ajout de fromage en grains (à droite). | Photograph: Audrey-Ève Beauchamp / @audreyeve.beauchamp
Sous leur direction, le restaurant et son menu de burgers, frites, hot-dogs et crèmes glacées saisonnières se sont étendus, modernisés et même rendus mobiles pour apporter leur célèbre poutine dans des festivals et événements. Cela leur a valu des prix, dont la Fourchette d’Or au Festival de la Poutine de Drummondville, à trois reprises.
« C’est la sauce qui fait la différence. On a notre propre recette depuis des décennies, et elle est toujours constante. C’est ce que les gens adorent », dit Jimmy.




La poutine comme une œuvre d’art. | Photograph: Audrey-Ève Beauchamp / @audreyeve.beauchamp
La poutine est, d’une certaine manière, un heureux problème pour Chez Ben, comme pour bien des grandes poutineries du Québec. Alors que le restaurant produisait de plus en plus de poutines et que les clients demandaient sans cesse la sauce, ils ont commencé à la vendre sur place. Vu les volumes qu’ils produisent aujourd’hui, Chez Ben s’est associé à une entreprise pour répondre à la demande. La sauce est maintenant disponible en épicerie.
« La recette est un secret — même moi, je ne sais pas ce qu’il y a dedans. Je sais où se trouve l’enveloppe avec la recette, mais je ne l’ai jamais ouverte. »

Tout est dans la sauce
Bien que ce soit un plat simple, Jimmy croit que les gens adorent la poutine parce qu’elle incarne l’esprit des Québécois qui la préparent comme il se doit.
« C’est du pur réconfort. C’est simple, mais ça peut aussi être festif et amusant, et ça évoque des souvenirs pour beaucoup de gens. Je pense que c’est pour ça que ça résonne autant. C’est quelque chose d’unique à nous, et nous en sommes fiers », dit-il.

Un plat composé de fromage en grains qui couine et de sauce brune riche qui, naturellement, occupe une place centrale dans un restaurant comme Chez Ben, où le slogan est « Chez Ben on s’bour la bédaine ! ».
Mais ce point de repère local va au-delà de la nourriture. Chez Ben, c’est l’art de créer des souvenirs, mélangeant la nostalgie d’une époque plus simple avec la vitalité d’une entreprise familiale toujours florissante.

« La passion est essentielle », dit Jimmy. « Si vous aimez ce que vous faites et y mettez votre cœur, les gens le verront. Ce n’est pas facile, mais si vous vous concentrez sur vos clients et votre nourriture, vous pouvez créer quelque chose de spécial. »
Alors que Chez Ben se prépare à célébrer son 75e anniversaire en 2025, Jimmy, avec sa sœur et son cousin, continuera d’honorer l’héritage de leur grand-père.
Attendez-vous à des événements tout l’été, au camion de bouffe de Chez Ben dans les festivals et, dans les 10 prochaines années — espère Jimmy — à d’autres emplacements à explorer, tout en gardant l’établissement original tel qu’il a toujours été.
